par Farida Tahar | 28 avril 2021 | Au parlement, Emploi et formation, Questions parlementaires, Travail politique
Le 12 mars dernier, une délégation d’aides ménagères vous a remis en mains propres leur « livre noir ». Il contient des témoignages durs et poignants sur la réalité quotidienne des travailleuses domestiques, dont les conditions de travail se sont encore dégradées durant la crise sanitaire.
Elles sont environ 160.000 à travailler dans ce secteur en Belgique pour un salaire horaire de 11,04 euros à l’embauche. À Bruxelles, cela représente 20.000 emplois. Dans leur écrasante majorité, ces travailleuses rencontrent de grosses difficultés économiques, quand elles ne sont pas en situation de grande précarité. Cette réalité tend à s’aggraver en période de crise, tant nous savons combien ce public féminin est à la croisée d’une série d’inégalités sociales. Pourtant, leur rôle a été crucial pendant la crise sanitaire et le restera après la pandémie. Si certaines ont pu continuer à travailler, d’autres ont dû recourir au chômage temporaire, avec toutes les conséquences que cela implique, dont une diminution de salaire (près de 1.000 euros) et la perte d’avantages comme la prime de fin d’année. Pour faire face à ces nombreuses difficultés, le secteur propose une série de pistes, dont la valorisation du statut et des conditions de travail, ou encore la réalisation de tests proactifs par l’inspection régionale de l’emploi.

-> Réponse à mes questions en page 27 : http://weblex.irisnet.be/data/crb/biq/2020-21/00126/images.pdf
par Farida Tahar | 21 avril 2021 | Au parlement, Emploi et formation, Parlement Bruxellois, Questions parlementaires
Dans le cadre des aides octroyées aux demandeurs d’emploi pour atténuer l’impact de la crise sanitaire sur leur insertion professionnelle, la région bruxelloise a pris un arrêté consistant à accorder une prime exceptionnelle appelée « Phoenix brussels » d’un montant de 800 euros sur une période de 6 mois, pour inciter les employeurs à engager des personnes inscrites chez Actiris.
Selon cet arrêté, la prime s’adresse aux demandeurs d’emploi inoccupés répondant aux conditions suivantes:
– être domicilié en Région de Bruxelles-Capitale ;
– avoir procédé à une inscription en tant que demandeur d’emploi inoccupé auprès d’ACTIRIS entre le 1er avril 2020 et le 30 juin 2021 ;
– ne pas disposer de diplôme ou de certificat, supérieur à celui de l’enseignement secondaire supérieur ;
– ne plus être soumis à l’obligation scolaire à temps plein ou à temps partiel et ne pas avoir atteint l’âge légal de la pension.
Pourtant, si nous pouvons nous réjouir de l’existence de cette prime, force est de constater que sa mise en œuvre a manifestement rencontré quelques couacs.
En effet, il semblerait que 74.000 demandeurs d’emploi ont vu apparaître l’attestation « prime phoenix » dans leur dossier personnel alors que 15 000 d’entre eux, n’entraient pas dans les conditions. En cause une interprétation erronée des critères d’attribution.
En outre, seulement 110 demandes ont été introduites sur les deux premiers mois de mises en œuvre de la prime Phoenix, dont 30 inéligibles et finalement retenues.
-> Plus d’informations : https://www.rtbf.be/info/regions/detail_coronavirus-a-bruxelles-le-couac-de-la-prime-regionale-phoenix-a-destination-des-employeurs?id=10703266
-> Réponse disponible ici : http://www.parlement.brussels/weblex-quest-det/?moncode=151307&base=1&taal=fr

par Farida Tahar | 31 mars 2021 | Au parlement, Discriminations et égalité des chances, Parlement Bruxellois, Questions parlementaires
L’appel à projets « Diversité et anti-discrimination 2021 » a été lancé le 1er mars dernier. Dans ce cadre, 750.000 euros seront consacrés à des projets de lutte contre les discriminations à l’embauche et de promotion de la diversité sur le marché de l’emploi bruxellois. Les discriminations liées à l’emploi à Bruxelles sont prégnantes depuis trop longtemps, et la crise sanitaire n’a fait que les aggraver. En effet, la contraction du marché du travail affectera différemment les travailleurs et demandeurs d’emploi bruxellois en fonction de leur âge, de leurs qualifications, de leur genre ou de leur origine. Les catégories de travailleurs et demandeurs d’emploi déjà habituellement discriminées sur le marché de l’emploi risquent de l’être davantage. C’est pourquoi la lutte contre les discriminations à l’embauche doit être, plus que jamais,une priorité. Cet appel à projets va donc dans le bon sens, et je tenais à le saluer.L’édition 2021 de cet appel à projets annuel sera axée sur la thématique de l’âge. Il s’agit d’un critère important, car ce type de discrimination affecte particulièrement les jeunes mais aussi les personnes plus âgées.
-> Développements et réponse en page 19 -> http://weblex.irisnet.be/data/crb/biq/2020-21/00111/images.pdf
par Farida Tahar | 16 mars 2021 | Au parlement, Discriminations et égalité des chances, Parlement Bruxellois, Questions parlementaires
La commission de l’emploi est le théâtre de nombreux débats sur le dispositif de lutte contre les discriminations qu’il me semble utile d’aborder en commission de l’égalité des chances pour ses dimensions transversales.Le marché du travail – bruxellois notamment – a toujours été un lieu de prédilection pour les discriminations en tout genre,qu’elles soient fondées sur la race, la classe, l’orientation sexuelle ou d’autres motifs.Plusieurs études démontrent qu’à Bruxelles, les inégalités d’accès à l’emploi sur la base de l’origine mais aussi de l’âge sont massives et structurelles. Un demandeur d’emploi aura nettement plus de chance de trouver un travail de qualité et de le garder s’il est un homme, blanc, cisgenre, âgé de 25 à 45 ans, valide,en bonne santé et issu de milieux sociaux dit dominants, et cette tendance s’aggrave.L’étude « Profil et trajectoire des chercheuses et chercheurs d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale. Monitoring selon l’origine nationale », réalisée par view.brussels et publiée en juin 2019, est la première analyse statistique de l’emploi bruxellois qui inclut la variable d’origine des travailleurs et des chercheurs d’emploi. Son auteure conclut, par exemple,qu’à formation et compétences égales, la surreprésentation oula sous-représentation systémique de certaines catégories de travailleurs et travailleuses augmente le risque de chômage. Elle ajoute que la répartition inégale des statuts et des régimes de travail qu’ils connaissent constituent des signaux indéniables de discriminations directes ou indirectes sur le marché de l’emploi.En 2019, Unia signalait avoir ouvert 657 dossiers sur des faits de discrimination au travail et à l’emploi, soit une augmentation de29 % par rapport à 2018. Avec la crise sanitaire, il faut s’attendre à ce que cette augmentation s’accentue dans les mois et années à venir.
Nous savons également que le marché de l’emploi bruxellois souffre et se contracte. Alors que le nombre de demandeurs d’emploi augmente, les offres ont tendance à diminuer. Ce contexte risque de conduire à une augmentation des faits de discrimination à l’embauche, comme l’a souligné l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (IBSA) dans son dernier baromètre conjoncturel.Mon groupe estime donc qu’il est urgent de renforcer les mécanismes transversaux de lutte contre les discriminations, une démarche déjà adoptée par le gouvernement.En 2017, la Région Bruxelloise s’est dotée d’un outil spécifique à la lutte contre les discriminations à l’embauche, comprenant l’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale, dite « testing ». Cette ordonnance avait été présentée comme un outil innovant et pionnier en Europe dans la lutte contre les discriminations à l’embauche. Elle ouvre la possibilité à la direction de l’inspection régionale de l’emploi de mener des tests de discrimination dans le cadre de ses investigations afin de mieux détecter et objectiver les faits de discrimination.Néanmoins, la mise en œuvre de cette ordonnance n’est que trop partielle et peu fonctionnelle. Les chiffres des premiers rapports de la direction de l’inspection régionale de l’emploi ont montré que seuls dix-neuf dossiers ont été ouverts en 2019, et dans seulement deux cas, l’inspecteur régional de l’emploi a procédé à un test de discrimination.Sur la base de ces constats, et alors que plusieurs organisations comme Unia et l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH) suggèrent déjà un certain nombre de pistes d’amélioration, il semble nécessaire de réformer le dispositif pour le rendre plus proactif.
La déclaration de politique régionale (DPR) prévoit que les différents dispositifs bruxellois de lutte contre les discriminations seront évalués et, le cas échéant, améliorés. Il est spécifiquement mentionné que l’ordonnance dite « testing »sera évaluée pour être améliorée.
par Farida Tahar | 9 février 2021 | Au parlement, Discriminations et égalité des chances, Parlement Bruxellois, Questions parlementaires, Travail politique
Les derniers chiffres de Statbel révèlent une évolution croissante de la diversité au sein de la population belge entre 2010 et 2020. Une série d’articles de presse ont relayé cette information il y a deux semaines.Près de 20 % de la population belge est d’origine étrangère et les Marocains sont désormais plus nombreux que les Italiens, qui occupaient précédemment la première place. Au niveau régional,Bruxelles affiche la plus forte proportion de nationalités d’origine hors Union européenne avec 60,7 %, contre 56,9 % en Flandre et 37,4 % en Wallonie.Ces observations corroborent les analyses réalisées en 2015par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM),lesquelles indiquaient que Bruxelles était la deuxième ville laplus cosmopolite au monde (après Dubaï).À l’échelle régionale, la population d’origine étrangère est répartie différemment entre les quartiers du nord et du sud de Bruxelles : les personnes d’origine extra-européenne sont installées dans les communes de Molenbeek, d’Anderlecht, de la Ville de Bruxelles, de Saint-Josse-ten-Noode et de Schaerbeek, tandis que les ressortissants européens résident dans les communes de Saint-Gilles, d’Ixelles et d’Etterbeek.Force est de constater que ces communes ne sont pas touchées de la même manière par les inégalités sociales et territoriales. Nous savons, par exemple, que certains quartiers connaissent un taux de chômage des jeunes d’environ 40 % et que les populations les plus précarisées peinent à accéder ou à faire valoir leurs droits sociaux. Là aussi, nous devons garantir l’égalité des chances à tout un chacun, indépendamment de son origine, ses convictions,son sexe, son origine ethnique, son handicap, son orientation sexuelle, etc.Par ailleurs, il convient de rappeler que cette diversité ethnoculturelle est une véritable richesse pour notre cohésion sociale – n’en déplaise à certains – et notre rapport à l’altérité. Il importe en effet d’œuvrer structurellement à la cohabitation pacifique de ces populations qui composent désormais notre société, et cela passe notamment par des formations socioculturelles dans nos écoles et dans nos entreprises,publiques et privées. Il en va également de nos ambitions politiques
Si cette diversité est un fait indéniable, elle questionne néanmoins l’efficacité de nos politiques d’inclusion et de lutte contre les discriminations en vigueur dans notre pays, et plus particulièrement dans notre Région
vez-vous pris connaissance des chiffres de Statbel relatifs à la diversité, ainsi que du mode de recensement de ces données ?Le procédé utilisé, à partir du registre national, relance le débat sur les statistiques ethniques comme outils d’objectivation des discriminations. Bien que ces dernières soient interdites en Belgique, d’aucuns – dont Unia – en appellent à les organiser moyennant des balises légales. Le débat sur les statistiques ethniques va-t-il intégrer vos réflexions et vos actions dans le cadre de vos politiques publiques en matière d’égalité des chances et de lutte contre les discriminations ? Dans sa déclaration de politique générale, le gouvernement de la Région consacre un chapitre important à l’égalité des chances et à la lutte contre les discriminations.
-> Réponses et questions disponibles ici : http://weblex.irisnet.be/data/crb/biq/2020-21/00077/images.pdf
par Farida Tahar | 25 janvier 2021 | Au parlement, Parlement Bruxellois, Questions parlementaires, Social & Santé, Travail politique
En Belgique francophone, on estime que plusieurs milliers de jeunes sont sans-abri ou à risque de le devenir. » C’est le constat que nous pouvons lire sur le site du Forum – Bruxelles contre les inégalités1, dans le cadre de la campagne «#incasables ».
Un nombre interpellant ! « Ils ont entre 16 et 25 ans. Tous ont un point commun : la vie ne leur a pas fait de cadeau. » D’aucuns les surnomment même « les incasables » tant la société ne parvient pas/plus à les « caser ».
Les causes de l’errance relèvent de plusieurs facteurs : contexte familial complexe, événements traumatiques graves dans l’enfance, difficultés scolaires, pathologies diverses, rejet institutionnel… etc.
Ces jeunes se retrouvent progressivement, par leur parcours de vie, en dehors d’un système dans lequel ils ne s’identifient plus et qui, de surcroît, ne les reconnaît plus. Dès lors, ils errent, faute d’avoir un lieu de vie stable et se retrouvent en marge de la société. Faute de repères, cette dangereuse situation s’apparente alors à un terrain glissant vers la vie en rue avec tous les risques que cela implique (recours au vol et/ou à la prostitution, consommation de stupéfiants, etc.).
Fort heureusement le secteur associatif s’est emparé du sujet et constitue, une fois de plus, un allié important pour le monde politique. Comme en témoigne la campagne du hashtag #incasables, du Forum – Bruxelles contre les inégalités, que j’évoquais à l’instant, et qui permet de sensibiliser à la réalité des jeunes en errance.
Des jeunes étaient d’ailleurs venus présenter cette thématique il y a quelques semaines, dans le cadre des jeudis de l’hémicycle organisés par l’assemblée de la COCOF. Ils avaient partagé des témoignages poignants à cette occasion et interpellé les mandataires politiques dans la foulée.
Pour pallier cette problématique, les acteurs de terrain dégagent plusieurs pistes de solutions, comme la coopération efficace entre institutions, levier indispensable pour conserver la mémoire des parcours et personnaliser davantage les réponses proposées à ces jeunes, ou encore la réduction des exclusions croissantes et la complexité d’accès aux allocations sociales et de santé.
Plus largement, le secteur pointe du doigt une augmentation des différentes mesures portant atteinte aux droits fondamentaux des individus : restrictions pour bénéficier des allocations d’insertion des jeunes ou des allocations de garantie de revenus des travailleurs à temps partiel, statut de cohabitant, etc.

-> La réponse à mes questions est disponible ici : http://www.parlement.brussels/weblex-quest-det/?moncode=104013&base=2&taal=fr