par Farida Tahar | 22 janvier 2024 | Au parlement, Parlement Bruxellois, Parlement francophone, Social & Santé, Travail politique
L’Humain avant le Numérique
Les citoyens doivent avoir le choix de communiquer avec les administrations par des moyens physiques ou numériques. Il est essentiel que les administrations garantissent l’accès aux guichets physiques, aux contacts téléphoniques et aux services postaux pour toutes les procédures administratives.
Il est important de rappeler que près d’un Belge sur deux fait face à des inégalités numériques.
Le 12 janvier, au Parlement bruxellois, j’ai porté les revendications de milliers de citoyens et de centaines d’associations qui se mobilisent depuis près de deux ans pour défendre leurs droits. Ces efforts sont légitimes et nécessaires.
Le projet de décret-ordonnance « Bruxelles numérique », bien que perfectible, comprend désormais une série de garanties, confirmées par le Ministre Clerfayt. Le groupe Ecolo s’assurera de la bonne mise en œuvre de ce texte dès son application. Il est à noter que les engagements initiaux n’incluaient pas de provisions pour des guichets physiques, une lacune que les écologistes, avec l’appui de la société civile, ont réussi à combler.
Nous croyons que l’intégration du numérique dans notre vie quotidienne mérite un débat de société plus large, impliquant tous les niveaux de pouvoir. Nous restons engagés à veiller à ce que ce débat ait lieu. Le travail continue.




par Farida Tahar | 17 avril 2023 | Au parlement, Parlement francophone, Social & Santé




Ce vendredi 14 avril 2023, j’interrogeais à nouveau le Ministre Rudi Vervoort, chargé de la politique d’aide aux personnes handicapées, à propos des personnes autistes et leurs aidants proches.
Le secteur qui accompagne ces personnes s’inquiète de ne pas pouvoir répondre à l’ensemble des besoins, croissants en région de Bruxelles-Capitale.
Bien souvent, c’est sur fonds propres que ce secteur effectue ses opérations de formation, d’accompagnement, …
Il nous alerte sur l’importance de renforcer la détection de troubles du spectre de l’Autisme et les diagnostics précoces ainsi que sur les listes d’attentes dans les centres spécialisés.
Retrouvez, ici, ma question au Ministre,
Il y a quelques mois, je vous ai interrogé sur les moyens mis en œuvre par la Commission communautaire française pour la prise en charge de l’autisme.
Rappelons que l’autisme n’est pas une maladie, mais un handicap dont les diverses manifestations sont réunies sous l’appellation du trouble du spectre autistique. Dans de nombreux cas, l’autisme se manifeste par une altération des interactions sociales et de la communication. Aujourd’hui, l’autisme toucherait plus d’une personne sur cent en Belgique. Ce handicap n’est toutefois pas aisément identifiable, et de nombreuses personnes seraient porteuses du trouble du spectre autistique sans qu’il ait été diagnostiqué.
Le secteur doit composer avec des moyens dérisoires, et les travailleurs sociaux se démènent au quotidien pour accompagner les personnes autistes et leurs proches. Ils doivent souvent puiser dans leurs fonds propres pour organiser des formations, des séances d’information et de sensibilisation, des services, des accompagnements et de la guidance.
En octobre dernier, vous nous avez expliqué qu’en attendant la finalisation du projet de maison bruxelloise de l’autisme – censée répondre à bon nombre des problèmes évoqués – vous continueriez à renforcer les moyens du secteur du handicap et à soutenir d’éventuels nouveaux projets. Je ne doute pas de votre intention de soutenir le secteur, car je vous sais très sensible à la question du handicap.
Cependant, en tant que parlementaire, je me dois de vous interroger sur la nécessité de renforcer les moyens du secteur.
Dans quelle mesure le soutien au secteur du handicap, et plus précisément l’autisme, a-t-il été renforcé ? De nouveaux projets ont-ils émergé depuis lors ? Dans l’affirmative, lesquels ?
Le secteur du handicap nous alerte régulièrement sur les nombreuses insuffisances auxquelles il est confronté et doit suppléer. Il nous incite aussi à renforcer la détection et les diagnostics précoces ainsi que l’accompagnement sur le long terme, et à favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap. Avez-vous pris connaissance de l’ensemble des doléances et recommandations du secteur ? Si tel est le cas, comment y répondez-vous ?
De la même manière, comment allez-vous contribuer à réduire les listes d’attente dans les centres de référence en autisme, déjà submergés ?
S’agissant des personnes autistes plus âgées, qu’est-il mis en œuvre pour renforcer l’inclusion sociale de ce public spécifique ?
De combien de places disposons-nous au sein d’instituts spécialisés dans l’accompagnement des personnes en situation de grande dépendance et combien de ces personnes sont-elles en attente d’un tel accompagnement ?
La capacité d’accueil en centre de jour a-t-elle augmenté ? Dans l’affirmative, de combien de places
Ainsi que la réponse du Ministre :
La question d’une meilleure prise en charge des troubles du spectre autistique est au cœur des déclarations de politique régionale et communautaire pour cette législature. La maison bruxelloise de l’autisme est un projet important de cette législature, qui répond à un certain nombre de besoins exprimés par le secteur dans son ensemble. Je pense principalement à l’information, la guidance ainsi qu’à la formation. Une fois lancées, ces missions permettront, d’une part, de rassembler en un seul lieu toute l’information complète et utile et, d’autre part, d’alléger le travail d’associations et d’institutions, ainsi que des centres de référence en autisme, qui pourront ainsi se consacrer à leurs objectifs premiers.
Nous avons l’ambition de débuter certaines des missions dès la fin 2023 dans des lieux décentralisés, puisque le bâtiment de la future maison de l’autisme est en pleine rénovation. Dans le cadre de sa mission de centralisation des données, la maison de l’autisme a notamment pour objectif d’identifier les maisons de repos inclusives et de proposer avec la Commission communautaire commune, son partenaire privilégié, des solutions à mettre en place pour répondre à ce besoin qui est de plus en plus important.
Outre les contacts réguliers que nous avons avec le terrain, tant l’étude de faisabilité de la maison de l’autisme que l’étude des besoins en matière de handicap à Bruxelles ont permis de faire remonter un certain nombre de difficultés rencontrées par les familles au quotidien.
Les réunions mensuelles avec la section personnes handicapées du Conseil consultatif bruxellois francophone de l’aide aux personnes et de la santé nous permettent également de recueillir une série d’informations utiles en ce qui concerne les demandes les plus pressantes du secteur, à savoir l’augmentation des places dans les services d’activités de jour et de logement pour les adultes, le manque d’activités de répit, ainsi que la difficulté, pour les personnes porteuses d’un double diagnostic, d’un handicap dégénératif ou encore d’un polyhandicap de trouver des services répondant à leurs besoins.
Je profite de cette question pour rappeler des actions déjà entreprises ou en cours. Les subventions octroyées à l’ASBL Dynam’Autes ont permis la mise en place d’un service d’accompagnement de type psycho-éducatif permettant des interventions auprès des familles rencontrant des difficultés dans l’éducation de leur enfant, ainsi qu’un service de répit qui consiste à organiser l’accueil de jeunes en période scolaire afin de permettre aux parents de souffler un peu.
Le soutien aux aidants proches est également valorisé par l’accompagnement social et l’engagement d’un assistant social en 2023.
L’ASBL Casa Clara bénéficie en outre de subventions destinées à l’accompagnement et à l’offre de répit des aidants proches de personnes touchées directement ou indirectement par la maladie ou le handicap – dont l’autisme.
D’autres mesures sont l’augmentation du budget, à hauteur de 700.000 euros cette année et 700.000 euros supplémentaires en 2024, alloué aux places destinées aux personnes en situation de grande dépendance, par le biais de conventions prioritaires nominatives, ou encore le renforcement des normes de grande dépendance et la simplification du financement des centres et des procédures administratives auxquelles ceux-ci sont astreints.
N’oublions pas le soutien à d’autres associations actives dans le secteur des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme, comme le Service universitaire spécialisé pour personnes avec autisme, pour ses projets Starter et Sinpa, les ASBL Terre des 4 vents, La soucoupe, Pony-City, le centre Farra Méridien, la maison Les Tropiques et l’Institut Decroly.
En 2022, une extension d’agrément a été octroyée à un service d’accompagnement dont les bénéficiaires présentent un trouble du spectre de l’autisme. Ce nouvel agrément consiste en un passage de la catégorie 3 à la catégorie 4, qui se traduit par un équivalent temps plein supplémentaire et une augmentation de l’intervention dans les frais de fonctionnement.
L’ASBL Coupole bruxelloise de l’autisme projette, en collaboration avec citydev.brussels et l’église Sainte-Claire, la construction d’une extension impliquant la création de dix places d’hébergement et de vingt places en centre de jour. L’accord de principe est en cours d’élaboration.
S’agissant du nombre de places, un nouvel agrément a été octroyé en 2022 au centre de jour pour adultes Farilu. L’ASBL Jamais eux sans toi, à Boitsfort, a reçu un agrément pour la période du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2023 pour la gestion de Farilu, et ce, pour une capacité maximale de quinze équivalents temps plein pour des personnes des deux sexes à partir de 18 ans présentant une déficience mentale légère à modérée et un syndrome autistique avec ou sans troubles associés.
Par ailleurs, il n’existe pas de liste d’attente centralisée au niveau de l’administration. Chaque centre tient ses propres listes. Les personnes sans solution et à risque d’exclusion dans les centres peuvent demander une reconnaissance dans la liste des personnes handicapées en situation de grande dépendance. Sur cette liste figurent actuellement 63 personnes dont la situation est considérée comme très urgente et qui sont « conventionnables ». Ceci signifie que, si les budgets le permettent, ces personnes pourraient bénéficier d’une convention dans des institutions en Région wallonne, étant donné qu’il n’y a plus de places disponibles à Bruxelles. Un grand nombre de ces personnes présentent un double diagnostic et des troubles autistiques avec une déficience intellectuelle souvent sévère.
Les centres spécialisés dans l’accompagnement des personnes présentant des troubles autistiques sont le centre d’hébergement pour adultes Condorcet, le centre de jour pour adultes Estreda-Condorcet et, pour les enfants, le centre de jour Grandir.
Enfin, les enfants et adultes autistes sont aussi accueillis dans d’autres centres d’hébergement et centres de jour. Comme vous l’avez dit, le trouble du spectre de l’autisme présente de multiples facettes nécessitant une prise en charge multidisciplinaire qui varie notamment selon que ledit trouble s’accompagne ou non d’un handicap associé.
J’interrogerai à nouveau le Ministre, notamment en ce qui concerne la situation particulièrement inquiétantes des 63 places sur liste d’attente, considérées comme étant très urgentes !
par Farida Tahar | 14 octobre 2020 | Parlement Bruxellois, Parlement francophone
Monsieur le Président, chers collègues,
Outre un lourd tribut en vies humaines et des conséquences sociales et économiques dévastatrices , la pandémie de COVID-19 a également pour effet de profondément bouleverser le fonctionnement de nos administrations locales et régionales, mettant parfois en péril la continuité des services publics.
La période de confinement et la généralisation du télétravail ont fortement dévelopé l’usage d’outils et systèmes informatiques permettant la tenue de réunions à distance, au moyen de plateformes de visioconférence et de partage de documents. Tant les administrations communales que celles des CPAS ont dû s’y résoudre, malgré les coûts, les difficultés logistiques et insécurités juridiques que cela posait, tant les enjeux pour leurs usagers étaient grands et tant la nécessité d’assurer la poursuite de leurs missions était impérieuse.
Ces pratiques, initialement non prévues par la loi organique des CPAS, furent rendues possibles par les arrêtés de pouvoirs spéciaux, que ce parlement a accordés au gouvernement régional en mars dernier. Les pouvoirs spéciaux ont pris fin, mais pas la pandémie. Nous allons devoir apprendre à vivre avec ce coronavirus pour un certain temps, hélas, et il nous faudra adapter nos manières de travailler en conséquence. Les transformations de ce parlement en sont d’ailleurs un exemple éloquent parmi tant d’autres.
La proposition d’ordonnance que nous soumettons aujourd’hui à l’examen de cette commission, co-signée aussi bien par des parlementaires de la majorité que de l’opposition, vise ainsi à répondre aux besoins urgents de modernisation et d’adaptation des CPAS bruxellois aux circonstances particulières que nous vivons. Elle vise par ailleurs à aligner leurs capacités sur celles dont bénéficient déjà les autorités communales en région bruxelloise, désormais habilitées à tenir des réunions à distances depuis le vote du projet d’ordonnance modifiant la Nouvelle loi communale en juillet dernier.
En leur conférant de manière pérenne cette flexibilité si nécessaire à l’accomplissement de leurs missions, cette proposition d’ordonnance permet donc aux CPAS de ne plus être tributaires d’un éventuel retour au régime des pouvoirs spéciaux, dont les délais de mise en place risqueraient de leur faire perdre un temps précieux.
Je vous remercie d’avance, chers collègues, pour le soutien que vous apporterez à ce texte
par Farida Tahar | 26 juin 2020 | Parlement Bruxellois, Parlement francophone, Travail politique
« Monsieur le Ministre,
Chers collègues,
Sous l’impulsion d’Ecolo et de son ex-présidente Zakia Khattabi, l’accord de majorité conclu en début de législature a jeté les bases d’une belle avancée en matière de libertés individuelles, singulièrement en ce qui concerne les femmes. Elle prévoit en effet la levée de l’interdiction du port de signes convictionnels au sein des établissements de l’enseignement supérieur et de promotion sociale organisés par la (COCOF) Commission communautaire française.
Si je suis diplômée, c’est notamment parce que des écoles supérieures et des universités m’ont ouvert leurs portes, sans restriction et en acceptant pleinement qui je suis.
Si j’ai pu suivre des cours de piano, de chant et de théâtre, c’est parce qu’une académie de musique m’a accueillie sans distinction en acceptant pleinement qui je suis.
Si j’ai pu travailler dans une administration publique, c’est parce que l’employeur m’a jugée sur mes compétences sans a priori en acceptant pleinement qui je suis.
Tout cela n’aurait pu être possible si les autorités publiques en avaient décidé autrement.
Et pourtant, des femmes majeures portant un signe convictionnel se voient restreindre l’accès à l’éducation, à l’emploi ou à la culture en raison de l’expression visible de leurs convictions. Cela est totalement inacceptable ! Je tiens à rappeler qu’il s’agit clairement d’une violation de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit en son article 9 la liberté de manifester ses convictions.
Nous en sommes donc encore là, en 2020, dans une des régions les plus cosmopolites au monde à nous mobiliser pour des droits fondamentaux.
Très récemment, la Cour constitutionnelle a rendu un avis autorisant la Haute Ecole Francisco Ferrer à faire valoir son règlement d’ordre intérieur interdisant tout port de couvre-chef. Alors que certaines personnalités politiques locales notamment s’en réjouissent, d’autres vivent, légitimement, cette décision avec déception, incompréhension et amertume. Cette situation a généré une large mobilisation autour du slogan #touchepasamesetudes qui se déploie sur les réseaux sociaux. Une manifestation s’annonce à Bruxelles le 5 juillet prochain et une pétition réunissant plus de 13.000 signatures circule actuellement sur internet.
C’est dans ce contexte que cet accord de majorité est une petite révolution en la matière et doit néanmoins être suivi des faits.
Lors de la séance plénière du 4 octobre dernier, vous aviez déclaré dans votre réponse à la question de mon collègue Kalvin Soiresse : « il y aura bien une application stricte » dudit accord.
Un an plus tard, force est de constater qu’aucune avancée n’a eu lieu en la matière. (…)
Permettez- moi à cet instant de penser aux nombreuses femmes qui réussissent partout à travers le monde et dans tous les domaines comme Malala, prix Nobel de la Paix en 2014 et récemment diplômée de philosophie, de politique et d’économie de l’université d’Oxford. Le long foulard coloré rabattu sur sa chevelure n’aura constitué aucun frein à son émancipation.
Enfin, je voudrais terminer mon intervention par une citation de circonstance empruntée à Voltaire: « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à ma mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Je ne doute pas Monsieur le Ministre que vous vous battrez jusqu’au bout pour défendre la liberté des femmes de disposer de leur corps ».