Un article de Sudpresse du 6 septembre dernier faisait état du taux de chômage dans plusieurs communes bruxelloises et wallonnes. Si 62 % des communes wallonnes se portent mieux économiquement qu’il y a deux ans,elles ne sont que 21 % à Bruxelles.Tandis que les communes de Woluwe-Saint-Pierre, Woluwe-Saint-Lambert et Watermael-Boitsfort affichent des taux de chômage plus bas, trois communes bruxelloises arrivent tristement en tête du podium du plus haut taux de chômage :Molenbeek-Saint-Jean (22,2 %), Saint-Josse-ten-Noode (21,4 %) et Bruxelles-Ville (18 %). Ces communes sont celles affichant l’indice socio économique le plus faible et les inégalités sociales les plus visibles.Nous le savons, parmi les chercheurs d’emploi, les jeunes sont particulièrement victimes de l’accroissement du chômage, en particulier ceux qui entrent pour la première fois sur le marché du travail, qui plus est dans un contexte de pandémie mondiale.Les conséquences socio économiques de la crise sanitaire vont continuer de se faire sentir longtemps, entre autres sur la disponibilité d’offres d’emploi sur le marché du travail bruxellois.Le plan de lutte contre le chômage ne doit pas oublier les chercheurs d’emploi qui, avant la crise, se trouvaient déjà dans une situation d’éloignement du marché du travail. Pour les écologistes, les dispositifs visant l’insertion ou la réinsertion socioprofessionnelle de ces publics doivent être renforcés,évalués et pérennisés. Il s’agit ici des chômeurs de courte et de longue durées, ces publics ne doivent pas être opposés.En 2014 déjà, la garantie solutions avait été mise en place pou la jeunesse. Elle prévoyait un emploi, un stage ou une formation à chaque jeune s’inscrivant chez Actiris. Dans la déclaration de politique régionale, il était prévu de l’étendre à tous les demandeurs d’emploi bruxellois.

Dans ce contexte, j’ai demandé à Monsieur le Ministre ;

Où en est la mise en œuvre de l’objectif noble de trouver un emploi, une formation ou un stage pour les jeunes, et plus largement pour les chercheurs d’emploi de tout âge ? Comment cet engagement pourra-t-il prendre forme dans le contexte d’après la crise du Covid-19 ? Quelles stratégies allez-vous mettre en place pour soutenir le public de jeunes chercheurs d’emploi, ainsi que les chômeurs de longue durée ?
Des assouplissements du cadre normatif de contrôle de la recherche active d’emploi sont-ils possibles ? Dans l’affirmative,comment seront-ils mis en œuvre ? Quelles évaluations faites-vous des mesures de soutien, notamment la prime Phoenix, mises en place durant la crise sanitaire pour pallier les pertes d’emploi dues aux faillites d’entreprises et pour soutenir l’insertion professionnelle des chercheurs d’emploi ?

Voici la réponse que j’ai reçue :

M. Bernard Clerfayt : Il est évident que les chiffres du chômage ont suivi le cycle de la crise sanitaire : en raison du gel du marché de l’emploi dû au confinement et aux conséquences de la crise, les jeunes arrivant sur le marché du travail ont eu plus de mal à trouver un emploi. Cela a entraîné une forte hausse du chômage des jeunes en Région bruxelloise.Toutefois, depuis que nous enregistrons un début de reprise économique, le chômage des jeunes est en diminution. Je ne commenterai pas les différences de niveau de chômage entre les communes. Nous savons les différences profondes qui les caractérisent et le dualisme présent en Région bruxelloise, avec des communes plus riches et plus pauvres, et des communes où le taux de chômage est plus élevé que d’autres, en raison notamment d’un niveau de formation plus faible.Comme il existe déjà des dispositifs et des mesures pour les jeunes chercheurs d’emploi et les chômeurs de longue durée, il n’est pas prévu de développer des stratégies supplémentaires à destination de ces publics cibles. Comme vous l’avez rappelé, la garantie jeunesse d’Actiris, proposée par son service Youth Guarantee d’après le nom européen du dispositif, a été mise en place en 2014. Elle a pour objectif de soutenir et accompagner les jeunes chercheurs d’emploi dans leur recherche d’emploi, et de leur proposer un stage, un emploi ou une formation.Le chômage des jeunes a sensiblement diminué de 2014 à 2020,jusqu’au début de la crise. Ces résultats laissent à penser que ce programme a été très efficace. En dehors des interruptions dues à la crise économique liée à la crise sanitaire, nous pouvons donc espérer que les mêmes dispositifs auront les mêmes effets de réduction progressive du chômage des jeunes.En raison de la pandémie, les offres d’emploi et de stage ont fortement diminué, ce qui a considérablement perturbé le fonctionnement du programme. Nous assistons actuellement à une reprise de l’activité, qui permettra à nouveau à Actiris de proposer des solutions aux jeunes chercheurs d’emploi.Le dispositif garantie solutions est accessible, depuis 2019, à l’ensemble des nouveaux chercheurs d’emploi inscrits auprès d’Actiris. Dans son accord de majorité, le gouvernement a pris l’engagement de garantir l’extension de ce dispositif à tous les chercheurs d’emploi volontaires. Actuellement, tout chercheur d’emploi de longue durée a la possibilité de bénéficier d’un accompagnement volontaire, à sa demande.L’ensemble des services d’Actiris sont accessibles aux chercheurs d’emploi de longue durée. Leur sont également accessibles les dispositifs d’aides à l’emploi tels que la prime Activa ou encore le dispositif d’économie sociale.Les investissements dans ce dernier dispositif ont d’ailleurs sensiblement augmenté à la suite de la réforme mise en place par mon prédécesseur, M. Gosuin, qui est exécutée sous la législature actuelle.Le cadre normatif de contrôle de la recherche active d’emploi est une compétence fédérale. La Région bruxelloise n’a pas la faculté de le modifier. Par contre, nous sommes chargés de son exécution pratique et des procédures particulières de vérification de cette recherche active d’emploi. Notre marge de manœuvre se situe donc au niveau des procédures mises en place, dans le respect de ce cadre normatif.

C’est pourquoi, dès le début de la crise du Covid-19, Actiris a proposé des adaptations devant lui permettre de continuer à réaliser les activités en lien avec le contrôle de la disponibilité,tout en les assouplissant, pour tenir compte des circonstances particulières engendrées par la crise. Toutes ces activités de contrôle ont été réalisées de manière entièrement digitale lors des différents confinements. Ceci signifie que seules les analyses de dossiers ont été exécutées par les évaluateurs.Nous avons également mis en place un « moment d’état des lieux et de vérification » à partir de décembre 2020, soit après quelques mois de confinement. Il s’agissait d’un contact téléphonique destiné à tous les chercheurs d’emploi pour lesquels il n’était pas possible d’aboutir à une décision positive. C’était une occasion de reprendre contact avec le chercheur d’emploi et de faire le point avec lui sur la procédure et les actions à entreprendre. L’intention n’était donc pas de constater qu’il n’avait pas fourni assez d’efforts à la fin de l’année 2020 ou au début de 2021, dans le contexte particulier de la crise, mais au contraire de faire le point avec lui sur la manière dont il pouvait se diriger vers le marché de l’emploi, gelé à l’époque.Enfin, vous m’interrogez sur la prime Phoenix. Développée sur la base de rapports d’évaluation préparés par perspective.brussels et par l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse, elle prévoyait en juillet 2019, lors de sa mise en place, que nous allions connaître une vague de chômage très importante à la fin de l’année 2019. Une augmentation de 20.000 à 30.000 chômeurs était prévue. Nous avons donc développé la prime Phoenix en vue d’absorber un flux de 25.000 chômeurs supplémentaires.C’est ainsi qu’un montant de 30 millions d’euros a été dégagé pour l’année 2021. À ce jour, seuls 931 chercheurs d’emploi ont bénéficié de cette prime dans le cadre d’un nouvel emploi. C’est peu par rapport à nos ambitions qui visaient 5.000 ou 6.000 personnes. Je rappelle cependant que, lorsque nous avons introduit cette prime, nous nous attendions à 25.000 chômeurs supplémentaires. Grâce aux mesures de chômage temporaire prises par l’État fédéral, nous n’en avons enregistré « que » 2.000. Au total, si 931primes délivrées peuvent paraître constituer un mauvais résultat par rapport à ce que nous avions anticipé, le bilan est en réalité relativement bon : nos projections n’étaient plus valables dès lors que l’État fédéral a décidé d’octroyer un statut de chômage temporaire et de prolonger la mesure jusqu’à la fin décembre2021. C’est donc une bonne nouvelle au regard de tous les éléments.Je me réjouis de la prolongation de ces mesures par l’État fédéral. C’est à partir du début 2022 que nous verrons si l’état de certains secteurs économiques entraînera des faillites et des pertes d’emplois. Dans ce cas, nous pourrons mobiliser la prim ePhoenix, qui a déjà démontré son efficacité auprès d’un millier de travailleurs et qui pourra encore être appliquée au début de l’année 2022

Le compte-rendu intégral de la commission est disponible ici : http://weblex.irisnet.be/data/crb/biq/2021-22/00016/images.pdf