En septembre dernier, Amnesty International a publié les résultats d’un nouveau sondage sur l’âgisme concernant les personnes âgées de plus de 55 ans en Belgique francophone. Les résultats sont on ne peut plus interpellants : plus d’un aîné sur quatre, soit 27 % de la population âgée, est confronté à au moins un type de maltraitance et sept seniors sur dix sont victimes de préjugés en raison de leur âge. Ce phénomène est ce qu’on appelle l’âgisme, soit une forme de discrimination qui porte préjudice aux personnes âgées et prépare le terrain de la négligence et de la violence. L’âgisme regroupe donc toutes les formes de discrimination, de ségrégation et de mépris fondées sur l’âge. Sur le site amnesty.be, l’âgisme est défini comme un « préjugé contre une personne ou un groupe en raison de l’âge ». Sous le prisme du genre et de l’intersectionnalité, les constats sont encore plus affolants : »Les multiples formes de préjugés qui se croisent aggravent les désavantages et rendent les effets de l’âgisme encore plus virulents ».Je souhaite vous interroger à ce sujet en votre qualité de secrétaire d’État à l’égalité des chances, et rappeler l’engagement pris parle gouvernement bruxellois de lutter activement contre toutes les formes de discriminations. Un chapitre entier est d’ailleurs consacré à cet engagement dans sa déclaration de politique générale.Combien de signalements de discriminations sur la base de l’âge Unia rapporte-t-il ?Quelles mesures concrètes prenez-vous pour faire reculer les discriminations à l’égard des personnes âgées ?

Madame la Ministre, des évaluations des actions réalisées à l’attention de ce public cible sont-elles réalisées ? Une campagne de sensibilisation pour faire prendre conscience de ce phénomène grandissant et pour lutter contre les préjugés à l’encontre de ce public cible est-elle lancée ? Dans l’affirmative, quand et comment ce dispositif de sensibilisation et d’information est-il déployé ?Comment le futur code bruxellois de lutte contre les discriminations intégrera-t-il ce public cible ? Quelles seront ses principales mesures politiques et comment seront-elles développées, avec quels acteurs et quelles associations ?Comment les différents protagonistes sont-ils associés à la concrétisation de ce plan ? Avec quels moyens et quels budgets soutenez-vous les organismes qui luttent activement contre les discriminations ?

Voici la réponse que j’ai reçue :

Mme Nawal Ben Hamou, secrétaire d’État.- Tout comme vous, j’ai pris connaissance des résultats de l’enquête d’Amnesty International concernant le phénomène de l’âgisme. Pour répondre précisément à vos questions, sachez que sur l’ensemble du territoire national, Unia a ouvert 172 dossiers liés à l’âge en 2020, ce qui représente 6,7 % des dossiers tous critères confondus. Un peu moins de la moitié des dossiers ouverts liés à l’âge concernent l’emploi (49,4 %). Les autres dossiers concernent les biens et services (33,1 %). En matière d’emploi, les problèmes surviennent le plus souvent au stade de l’embauche (56,4 %). Pour la même période, sur les 487 dossiers bruxellois ouverts, 37 dossiers sont fondés sur le critère de l’âge,soit 7,5 % de l’ensemble des dossiers.Je précise que ces chiffres concernent les dossiers pour lesquels l’âge est le critère principal. Comme Unia travaille avec une approche intersectionnelle, plusieurs facteurs et critères peuvent être identifiés.Il s’agit bien de dossiers ouverts et non de signalements. Unia ouvre un dossier si le signalement relève effectivement de ses compétences et s’il ne s’agit pas d’une simple demande d’information.Jusqu’à présent, equal.brussels n’a pas mené d’initiatives spécifiques en matière de lutte contre l’âgisme.

Toutefois, à l’instar de la réglementation fédérale, la réglementation régionale reprend l’âge comme critère de discrimination en matière de fonction publique, de logement, d’emploi, de biens et de services. Ce critère sera bien entendu maintenu après l’opération de codification en cours.Par ailleurs, l’approche intégrée de la dimension de genre et de l’égalité des chances mise en œuvre par les services publics bruxellois, et dont equal.brussels assure le pilotage, vise à tenir compte en amont des besoins de chacun, quel que soit l’âge des personnes concernées. Le test d’égalité des chances comporte d’ailleurs une section libre facultative afin de soumettre un projet à un critère supplémentaire lorsque c’est pertinent. Ce faisant, il est possible d’évaluer le projet sous l’angle de l’âge du public cible En application de cette approche, equal.brussels veille à toucher le public le plus large possible dans ses propres actions. Ainsi,dans le cadre du futur plan de lutte contre les violences et discriminations à l’égard des personnes LGBTQI+ 2021- 2025, equal.brussels lancera une campagne de sensibilisation appelant la population bruxelloise à valoriser la diversité d’orientation sexuelle, d’identité et d’expression de genre, et de variations sexuelles, et à lutter contre les discriminations visant les personnes LGBTQIA+. Les personnes LGBTQIA+ plus âgées sont l’un des quatre groupes prioritaires de la campagne.Par ailleurs, je soutiens plusieurs projets associatifs faisant expressément mention de l’âge du public. L’asbl Rainbow Ambassadors, par exemple, a développé une campagne axée sur l’acceptation sociale de la diversité sexuelle et de la diversité desgenres dans le domaine de la santé et du bien-être. De son côté,l’asbl Garance a développé le projet « Femmes 55+, actrices de leur sécurité ». Si de nouvelles demandes de subsides sur cette thématique devaient me parvenir, elles feraient bien entendu l’objet d’un examen attentif.Avec le soutien d’equal.brussels, je lance chaque année plusieurs appels à projets dans le domaine de l’égalité des chances. Cette année, 208 projets ont été retenus pour se partager un budget de2.095.902 euros. Je vous ferai parvenir le tableau récapitulatif global et un tableau par thématique, notamment la lutte contre les discriminations, lors des futures discussions budgétaires.Enfin, je vous invite à poser toutes vos questions à mes collègues,dans le cadre de leurs compétences respectives, afin d’obtenir une vision de la problématique dans les différentes matières régionales.

Le compte-rendu intégral de la commission est disponible ici : http://weblex.irisnet.be/data/crb/biq/2021-22/00031/images.pdf